L’amour du Coran (partie 1)


De retour de mon pèlerinage, je ressens l’envie d’écrire cet article pour tenter de nous aider à répondre sincèrement à une question de la plus haute importance in sha Allah, elle concerne l’amour du Coran.

Lors de ce voyage, tant exceptionnel que substantiel, j’ai eu le plaisir et fus honoré de rencontrer un certain nombre de frères et sœurs. Au cours de nos différents échanges, j’en arrivais souvent à poser une question dont la réponse semble être évidente, mais qui, après réflexion, s’avère au fond très subtile, et offrant par cette  occasion un cocktail méditatif entre introspection et extrospection:

« Aimes-tu le Coran ? »

Il va de soi qu’aucun musulman sain d’esprit ne répondra par la négative (sinon il y a un gros problème…!!!)

Dans le prolongement de la première interrogation, j’entrais alors plus en détail sur le sens de celle-çi, afin d’orienter la pensée plus en profondeur. Cela plongeait souvent mes interlocuteurs dans une intense réflexion et les mettait même parfois un peu mal à l’aise:

« Quels sont les effets de l’amour du Coran dans ta vie de tous les jours ? »

Prenez à votre tour un moment, réfléchissez un instant et essayez de répondre sincèrement à cette question.

Il s’avère que systématiquement, lorsqu’on aime quelqu’un ou quelque chose, cet amour a un impact dans notre vie, ceci est une évidence. Alors concrètement, quels effets, quels impacts l’amour du Coran a t-il sur nous ?

C’est autour de cette thématique « l’amour du coran », que je vais faire une série d’articles qui se divisera en plusieurs points, et ce, afin de permettre à chacun de faire le bilan de l’état de notre relation avec le noble Coran, nous remettre en question et agir en fonction in sha Allah. Les différents points abordés seront:

  1. l’amour du Coran, qu’est ce que c’est? Quels effets cet amour doit avoir dans notre quotidien ?

  2. Comment aimer le Coran ?

  3. Qui sont les fervents adeptes du Coran (ahlou al Qur’an) ?

  4. Quelle relation avait le prophète avec le Coran ?

Sans plus tarder, commençons le premier article…


L’amour du Coran, qu’est-ce que c’est ?

Nous louons Allah de nous avoir transmis Son message à travers le Coran et L’implorons d’en être des ses amoureux sincères.

Au fait, qu’est ce-que l’amour … ?

La définition la plus claire et la plus concise que j’ai pu lire est celle trouvée sur Wikipédia où l’on peut lire :

« L’amour désigne un sentiment intense d’affection et d’attachement envers un être vivant ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, intellectuelle ou même imaginaire avec l’objet de cet amour. L’amour peut conduire à adopter un comportement particulier et à aboutir à une relation amoureuse si cet amour est partagé ».

Reprenons ensemble cette définition point par point:

I. « L’amour désigne un sentiment d’affection et d’attachement envers un être vivant ou une chose » :

Avoir de l’amour pour quelqu’un ou quelque chose est donc un sentiment, et le lieu du sentiment est le cœur. L’amour du Coran n’est pas reflété par une parole que l’on prononce et restant en surface, mais, plus profondément, cela doit être un véritable sentiment que l’on ressent dans notre cœur.

‘Abdallah ibn Mas’oud, qu’Allah l’agrée, avait bien compris cela et disait : « Les cœurs sont des récipients, remplissez-les donc de l’amour du Coran et pas de l’amour d’autres choses ».

Il semble primordial de savoir à présent  si l’amour du Coran est ancré en nos cœurs, si ils sont des réceptacles prompts à accueillir cet amour, si non, de faire les causes pour le vider et le nettoyer de ce qui ne devrait pas y être pour pouvoir le remplir de l’une des plus pures et douces saveurs: l’amour du Coran.

Pour résumer, et à ce stade, réfléchissons à cela: l’amour du Coran est-il simplement une parole prononcée du bout de la langue ou est-ce un sentiment réel et authentique qui se trouve dans notre cœur ?

Nous avons certainement tous déjà aimé quelqu’un dans notre vie et nous avons donc ressenti des sentiments envers cette personne, une sensation qui est elle-même difficile à décrire.

Ressentons-nous de l’amour pour le livre d’Allah ? Et notre cœur, est-il rempli de l’amour Coran ? Éprouvons- nous des sentiments pour le Coran ou notre cœur est-il un désert aride ? Si il est désert, sache que ce ne sera pas les oasis illusoires des choses éphémères qui viendront lui redonner la vie, mais, d’une part,  l’amour que l’on aura pour Allah, à travers entre autre, l’amour du Coran, qui pourra venir déverser sur nos coeurs ce qui lui redonnera vie in sha Allah.

Et si oui, c’est à dire si tu ressens déjà cet amour, al hamduliLLah, et il devrait donc te pousser aux choses suivantes…

II. « Qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique avec l’objet de cet amour » :

Lorsque l’on aime vraiment quelqu’un ou quelque chose, on a besoin d’être proche de lui tout le temps. Celui ou celle qui aime sa femme, son mari, son enfant a besoin et envie de les voir tous les jours, de parler avec eux, de les écouter, de les toucher… Ressentons-nous la même chose avec le Coran ou bien est-ce que les jours, les semaines, les mois passent sans que l’on ouvre ce livre divin ?

Avoir une proximité physique avec le Coran c’est :

1- Le lire avec les yeux et surtout le cœur:

Il ne devrait pas se passer une journée sans que le musulman qui prétend avoir l’amour du Coran ne lise le Coran. Nos prédécesseurs l’avaient bien compris, c’est pour cela qu’ils lisaient tout le temps le Coran, et cela était naturel. Pour nous figurer cela, ils étaient avec le Coran comme nous sommes aujourd’hui avec notre smartphone.

Il est rapporté que la sœur de Malik ibn Dinar (qu’Allah lui fasse miséricorde), fut questionnée après la mort de son frère sur ce qui occupait Malik au quotidien. Elle répondit : « Le Coran et sa récitation ».

Celui qui aime réellement un livre l’a toujours avec lui et lorsqu’il dispose de ne serait-ce que cinq minutes, il en fait la lecture, même après l’avoir fini il le relit et ne cesse de le lire jusqu’à même en connaître les phrases par cœur.

Imagine-toi avoir cette relation avec le Coran, être accro à sa lecture… quelle belle et saine addiction ! cela est un vrai signe de l’amour du coran!

2- L’écouter avec les oreilles et surtout le cœur :

Quand on aime quelqu’un, on aime l’écouter, on aime l’entendre parler. Aimons-nous écouter le Coran ?

Le prophète lui-même, celui qui a reçu la révélation aimait écouter le Coran.

Ibn Mas’ud, qu’Allah l’agrée, rapporte : Le Prophète me dit un jour : « Récite-moi le Coran. » Je lui répondis : « O Envoyé d’Allah, tu me demandes de réciter le Coran alors que c’est à toi qu’il a été révélé ? »

– « J’aime l’entendre de quelqu’un d’autre que moi, répondit le Prophète ». Je lui récitai alors la sourate Les femmes (an-Nissa) jusqu’à parvenir à ce verset : {Qu’adviendra-t-il des négateurs lorsque, de chaque communauté, Nous amènerons un témoin à charge, et que Nous t’amènerons toi-même pour témoigner contre eux ?} (Coran 4.41).

Le Prophète m’interrompit alors et me dit : « Cela me suffit à présent. » Je me tournai vers lui et constatai alors que ses yeux étaient emplis de larmes. [Bukhari et Muslim]

Il est important d’évoquer ici la nuance sémantique qu’il y a entre « entendre » et « écouter ». Beaucoup d’entre nous entendons le Coran, mais peu d’entre nous l’écoutons. Ecouter le Coran veut dire prêter l’oreille attentivement, se concentrer sur ses sens, le comprendre, le méditer… Il ne suffit pas simplement de l’entendre et de le mettre en fond sonore dans la maison ou dans la voiture.

La majorité d’entre nous, avant notre repentir, aimions peut-être une chanson que nous fredonnions toute la journée, elle était comme une partie de nous et cela se faisait parfois même inconsciemment.  Nous pouvions l’écouter en boucle toute la journée, c’était hypnotique et addictif…Nous l’avons tellement écouté que nous l’avons apprise par cœur, et même sans le vouloir, et indépendamment du fait que la chanson puisse être dans une langue qui nous était étrangère.

Combien de personnes pleurent à l’écoute d’une chanson ou ressentent de l’allégresse? Combien de personnes vivent intensément la chanson tout en tuant en parallèle leur coeur ? Pourquoi ne pas troquer l’illusoire et le faux pour le réel et le vrai, les causes de l’égarement pour les causes de la guidée. Et comment ne pourrions-nous  pas être dans ces états de part notre relation avec le Coran, le laisser vibrer en nous, le laisser emplir nos êtres, nos coeurs,et de là, les larmes, les joies auront un réel sens et se sera tout l’inverse qui se produira, car contrairement à la musique, le Coran, lui, fait revivre le coeur.

Le Coran n’est-il pas plus beau que ces chansons qui sont pour la plupart un ensemble de paroles futiles ?

Imagine-toi avoir cette relation avec le Coran, l’écouter, le comprendre, le méditer. Tout cela aura pour conséquence que ta foi augmentera. Allah le Très-Haut nous dit :

{Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent quand on mentionne Allah. Et quand Ses versets leur sont récités, cela fait augmenter leur foi. Et ils placent leur confiance en leur Seigneur}. (Al Anfal verset 2)

L’écoute régulière du Coran est une preuve de l’amour du Coran.

3- Ressentir un manque en son absence :

Il est connu que l’amour pour une chose crée un état de dépendance. Nous ressentons le besoin d’être toujours auprès d’elle, et si on ne peut pas être avec elle, c’est alors une sensation de manque qui nous envahit jusqu’à même se sentir comme amputé d’une partie de nous-même. Notre corps est présent mais notre cœur et notre esprit sont absents, pris en otage par la privation et l’éloignement de l’aimé. Pour tenter de combler ce manque, on se met alors à parler tout le temps de cette chose aimée jusqu’à en devenir ennuyant auprès de ceux qui nous entourent. Et tout cela semble plus fort que nous… Parfois même, nous nous mettons à adopter une part de ce qu’est l’aimé absent, à utiliser certaines de ses paroles et incarner certaines de ses manières et attitudes.

Qu’en est-il du Coran ? Ressentons-nous ce manque en son absence, parlons-nous de lui ? L’évoquons-nous en mentionnant ses versets ? Et est-ce que l’on se comporte comme le Coran nous l’ordonne et en sommes-nous le reflet ?

III. « Qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, intellectuelle ou même imaginaire avec l’objet de cet amour»

Avoir une proximité intellectuelle avec une chose ou une personne signifie simplement la connaître, faire sa connaissance, la comprendre et se soucier de son état.

Si nous prétendons aimer le Coran, nous devons le connaître et faire sa connaissance, avoir de l’intérêt pour ce qui lui est lié (à propos de sa révélation, du nombre de ses sourates, du nombre de ses versets, le contenu de son corpus…), connaître les différentes étapes de sa retranscription, de sa révélation à son arrivé jusqu’à nous et j’en passe.

Si nous aimons le Coran, nous devons le comprendre. La barrière de la langue n’est qu’une excuse et nous devons nous donner les moyens, portés par la force de cet amour.

Nous avons tous des amis qui, parce qu’ils aimaient, par exemple, les chansons ou films anglais ont appris l’anglais. En parallèle, nous voyons des footballeurs apprendre des langues différentes en fonctions des pays de leur transfert, et qu’est-ce qui les pousse à apprendre l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien, si ce n’est l’amour du football ou de l’argent ? Et combien de personnes ont appris une langue étrangère par amour pour leur mari ou femme ?

Et nous qui prétendons aimer le Coran? Où en sommes-nous par rapport à la langue arabe ? Jusqu’à quand allons-nous négliger cette langue qui est le moyen de comprendre le message que Le Seigneur de l’univers nous a envoyé ?

IV. « Qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, intellectuelle ou même imaginaire avec l’objet de cet amour »

Des fois, on aime tellement une chose que l’on a une proximité imaginaire avec celle-ci, on s’imagine tout le temps avec une part d’elle à nos côtés. Tellement on aime une chose que l’on rêve d’elle, tellement on désire une chose qu’elle est la berceuse fantasmagorique qui nous accompagne lorsqu’on somnole. Nos pensées deviennent ainsi les métaphores de notre amour.

Avez-vous déjà rêvé du Coran ? Dans ces rêves, avez-vous déjà entendu ou récité des sourates du Coran en arabe que vous n’aviez jamais apprises ?

Si oui, al hamduliLlah, c’est un signe de la sincérité de votre amour.

Ecoutez l’histoire de ce frère:

Un cheikh égyptien rapporte qu’un médecin lui a rapporté qu’il devait opérer le cœur d’un homme d’une soixantaine d’années. Lorsqu’est arrivée l’heure de l’opération, l’homme se mit à pleurer. Le médecin pensait qu’il pleurait par peur de la mort et voulut le rassurer à ce sujet. Mais le patient lui expliqua qu’il ne pleurait pas parce qu’il avait peur de mourir mais qu’il pleurait car comme l’opération allait durer plusieurs heures, il ne pourrait sûrement pas finir sa révision quotidienne du Coran qui était de 10 juzz (environ 200 pages).

Le médecin eut honte:  comment un homme âgé et malade peut réciter 10 juzz au quotidien alors que moi-même je n’en lit aucune page…

Le patient demanda au médecin une faveur, à savoir s’il pouvait prier deux unités de prière avant l’opération puis de le laisser commencer sa récitation du Coran avant de lui injecter le produit anesthésiant. Le médecin accepta. L’homme effectua alors deux unités de prière puis commença sa révision. Peu de temps après, il fut anesthésié, et là, est survenu le miracle. Le médecin dit que le patient n’a cessé de réciter le Coran jusqu’à la fin de l’opération. Le médecin a même fait appel à ses collègues pour qu’ils témoignent de ce miracle ! Gloire à Allah (subhanallah).

Voilà un exemple concret d’une personne qui aime sincèrement le Coran. Son seul souci durant son opération était de ne pas pouvoir réciter ses deux cents pages quotidiennes, et malgré son opération, avec l’aide d’Allah Le Très-Haut il l’a fait !

Si le cœur (le roi) est occupé par le Coran, les membres (les soldats) agissent en conséquence.

V. « L’amour peut conduire à adopter un comportement particulier ».

En effet, lorsqu’un être aime sincèrement une chose ou une personne, il se conforme à celle-ci. Il se force à aimer et faire ce qu’elle aime, à détester et délaisser ce qu’elle n’aime pas.

L’amour du Coran doit donc, s’il est véritable, changer des choses dans notre comportement.

Avons-nous pu constater ce changement de comportement de par notre relation avec le Coran? Le Coran nous ordonne de ne pas mentir, délaissons-nous le mensonge ? Quand il nous ordonne de faire le bien, de délaisser le mal, de prier, de jeûner, de payer la zakat… sommes-nous en conformité avec cela ?

Sommes-nous comme le prophète était ? Son savoir-vivre, son savoir-être, était le Coran.

La mère des croyants Aïcha, qu’Allah l’agrée, rapporte que lorsqu’elle a été questionné sur le comportement du prophète elle répondit :

« Son savoir-être (comportement) était le Coran » (Rapporté par Abou Daoud et authentifié par le Cheikh Al Albani).

Ce hadith est très important car il vient de l’une de ses femmes et nous savons que les femmes ont cette capacité à se concentrer sur les détails les plus précis. De plus, elle vivait avec lui  ; elle le voyait et l’observait tous les jours et dans des situations différentes.

Les mots utilisés par Aïcha (qu’Allah l’agrée) sont très importants car le savoir-être (khoulouq en arabe) est comme nous le dit al Mawardy (qu’Allah lui fasse miséricorde) :

« Une attitude permanente que l’homme produit sans effort »

Le Prophète pratiquait tellement le Coran que ses enseignements étaient devenus sa personnalité . Il mettait en pratique le Coran sans effort. A titre d’exemple le Prophète était généreux, juste, droit, sincère, courageux  en permanence (et bien plus encore), et tout cela sans effort, naturellement. Le Prophète ﷺ était la démonstration pratique du Coran.

Allah Le Très-Haut nous dit en s’adressant au Prophète (sens approximatif du verset):

{Et tu es certes, d’un caractère éminent} (la plume v.4)

Imagine-toi vivre le Coran au quotidien, faire ce qu’il t’ordonne, délaisser ce qu’il t’interdit… T’y conformer et confirmer ainsi ton amour pour lui, car oui, ceci n’est possible que si nous aimons sincèrement le Coran.

Et c’est encore de cet amour que je vous parlerai dans le prochain article in sha Allah, à travers des conseils pour développer et accroître notre  amour du coran.

Je demande à Allah Le Très-Haut qu’Il fasse de nous des personnes qui aiment sincèrement le Coran. Qu’il fasse de nous des adeptes du Coran, qui le lisent, l’écoutent, le comprennent, le méditent et l’appliquent.

Ô Allah ! Fais que le Coran soit le printemps de nos cœurs, le remède de nos poitrines, la lumière de notre vue, qu’il dissipe notre tristesse, nos soucis et nos chagrins et qu’il nous conduise et qu’il nous guide vers les jardins des délices.

Amin !

Merci de partager et de commenter car on est tous concernés par ce sujet!

 
 

Share:

More Posts

Ghassiq

Ghassiq

Nous allons dans cet article parler du mot « Ghassiq » qui se trouve dans le verset 3 de la sourate « Al Falaq ». Allah le très haut

Al Khannas

Al Khannas

  Comme pour le mot « Al waswãs », nous trouvons le mot « Al Khannas » dans le quatrième verset de la sourate « An Nãs » (les hommes) dans

Send Us A Message