Aujourd’hui, nous observons une augmentation des « huffadz » (personnes ayant mémorisé le Coran), al hamdulillah. Nous voyons également que la communauté musulmane (individus et associations) fournit beaucoup d’effort concernant la mémorisation du Coran. En effet, il est devenu ordinaire, dans le monde entier, que les enfants et adultes musulmans mémorisent le Coran.
Jusqu’à maintenant vous vous dites que c’est bien et qu’il y a un retour à la religion et au Coran.
Je suis d’accord avec vous. Là où je ne suis plus d’accord c’est lorsque la mémorisation du Coran devient un but alors qu’elle n’est à la base qu’un moyen de comprendre et mettre en pratique le Coran.
Ibn Al Qayyim (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit à propos du Prophète ﷺ :
« Son intérêt pour la transmission du sens du Coran était plus important que son intérêt pour la simple récitation de ses mots et telle est la méthodologie à suivre. En effet, la transmission du sens du coran est le but de sa Révélation alors que ses mots ne sont qu’un moyen qui nous aide à atteindre ce but ». (résumé du livre « les foudres envoyées » p 99)
Nous voyons que le Prophète ﷺ avait fait de la récitation, de l’étude des règles de tajwid et de la mémorisation du Coran un moyen qui nous amène à atteindre le but ultime du Coran qui est sa mise en pratique.
Il nous dit également à propos des Compagnons : « Ils ont appris du Prophète ﷺ les « mots » du Coran ainsi que son « sens ». Leur intérêt pour le « sens » du Coran était plus grand que leur intérêt pour ses « mots ». Ils apprenaient en premier les sens du Coran ensuite ils apprenaient ses mots pour consolider son sens » (résumé du livre « les foudres envoyées »).
Cheikh al Islam Ibn Taymiyyah (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit:
« Ce qui est demandé, en ce qui concerne le Coran, c’est la compréhension de son sens et sa mise en pratique. Si cela n’est pas l’objectif de celui qui le mémorise, il ne fait pas partie des gens de science ni des gens du savoir, même s’il a mémorisé tout le Coran ou une grande partie. Apprendre ce qu’il comprend du Coran est mieux que de réciter ce qu’il ne comprend pas ».
Aujourd’hui, nous voyons que le rapport entre le but et les moyens est totalement inversé. La majorité des efforts fournis dans l’enseignement du Coran et son apprentissage concernent les moyens et non les buts. Nous avons des cours de récitation, de psalmodie et de mémorisation du coran, alors que les cours de compréhension et de mise en application du Coran sont quasi-inexistants, à tel point que nous sommes devenus des gens qui lisent le Coran pour lire et non plus pour comprendre ni mettre en pratique. La mémorisation est devenue notre but ultime, alors qu’auparavant, ce n’était qu’un moyen.
Al Foudayl ibn ‘Iyad qu’Allah lui fasse miséricorde a dit :
« Allah a révélé le Coran pour qu’il soit mis en pratique. Malheureusement les gens ont pris sa récitation comme seule pratique ».
Tous les Compagnons faisaient partie du groupe privilégié des « adeptes du Coran » (ahl al quran) ; ceci ne veut pas dire qu’ils l’ont tous mémorisé mais ceci veut dire qu’ils le mettaient tous en pratique. Aujourd’hui nous vivons l’inverse, nous nous concentrons sur les moyens à tel point d’en oublier les buts.
Nous avons pris comme le dit Al Foudayl (qu’Allah lui fasse miséricorde) la récitation du Coran pour seul acte d’adoration.
Il existe des cours d’exégèse du Coran (tafsir). Malheureusement, ils sont rares et se limitent à la théorie. Ils ne donnent pas naissance à une pratique quotidienne du Coran ni à un changement de comportement ni de caractère. Par ailleurs, après la mémorisation, alors qu’ils seraient beaucoup plus bénéfiques avant la mémorisation. En effet celle-ci reste un moyen alors que leur application est un but. De plus, il est beaucoup plus simple de mémoriser une chose que l’on comprend et applique.
Qu’Allah ne compte parmi les adeptes du Coran, ceux qui le mettent en pratique. Amin
Abdel karim, « vivre le coran ».